On connaît aujourd’hui 25 000 espèces de champignons en France métropolitaine et l'on en décrit environ 10 nouvelles chaque année... une biodiversité foisonnante !
Ces fonges prennent des formes très variées et colonisent le sol, le bois mort et tous types de matières organiques... Sorte de petit clou blanc à tête plate piquetée de noir et d’une taille de moins d’un centimètre de diamètre, la poronie ponctuée (Poronia punctata) fait partie du groupe des Ascomycètes qui projettent leurs spores vers le haut, à l'inverse des champignons les plus connus (à lames ou à tubes) qui le font vers le bas.
Elle vit sur un habitat étonnant : les crottins de chevaux, ânes et autres mules, ce qui lui vaut d'être qualifiée de « coprophile ». Le substrat doit être bien fibreux et déjà délavé par la pluie et le soleil pour permettre son développement. Une écologie très select', donc, qui lui a valu de se raréfier partout en Europe quand la mécanisation agricole à fait disparaître les chevaux des campagnes. On soupçonne aussi les traitements vétérinaires antibiotiques d'être en cause dans son déclin. La poronie est ainsi devenue rarissime, ce qui a justifié son classement sur la liste rouge mondiale des champignons menacés.
Les connaissances sur les champignons de France étant encore bien lacunaires, notre liste rouge nationale est seulement en cours de rédaction, mais la poronie devrait y figurer en bonne place. Son écologie est encore méconnue car on ignore si les spores doivent passer ou non par les intestins des équidés pour pouvoir germer ensuite dans leurs déjections, mais aussi quels sont les liens écologiques avec les insectes exploitant ces mêmes crottes.
Pas très faciles à observer et pas très attirants, tous ces organismes coprophiles sont essentiels au fonctionnement de nos écosystèmes et sont donc à prendre en compte au même titre que les bouquetins ou les aigles dans les actions de conservation.
La poronie ponctuée a été découverte tout récemment dans la vallée de l’Ubaye, une première pour le Sud-Est de la France !