Mourir
Oui, cela peut paraître assez radical, mais il s’agit de la stratégie adoptée par la plupart des insectes! En effet, les formes adultes des insectes que l'on appelle imago (papillons, libellules, mouches, moustiques, sauterelles …) meurent presque tous au début de l’hiver. Pendant ce temps, la future génération est bien à l’abri sous forme d’œuf, de larve ou encore de nymphe et attend que les températures remontent pour poursuivre le cycle. Il existe cependant quelques exceptions. Certains papillons par exemple peuvent passer l’hiver cachés à l’abri des frimas hivernaux et sortir par les plus belles journées d’hiver. Si vous voyez un papillon en plein hiver, vous ne rêvez donc pas, il s’agit sûrement d’un paon du jour, d’une petite tortue ou encore d’un vulcain!
Dormir
Certaines espèces vont hiberner, c’est-à-dire entrer en état de léthargie. Cet état implique notamment un abaissement de la température corporelle, ainsi qu'un ralentissement du rythme cardiaque et de la respiration. Les espèces concernées ne s’alimentent plus pendant des mois et ne quitteront cet état qu’au retour des beaux jours. Les hibernants vrais sont par exemple la marmotte, le hérisson, les chauve-souris, les grenouilles ou encore le loir qui dort d’octobre à avril, d’où l’expression « dormir comme un loir » !
D’autres espèces vont hiverner et ce n’est pas du tout la même chose. Ici il s’agit de ralentir son activité et de passer les périodes les plus rudes de l’hiver à l’abri d’une grotte ou d’un terrier, mais les modifications physiologiques que subissent les animaux hibernants ne se produisent pas. Un faux ami qui n’hiberne pas mais hiverne est l’ours. Dans le Mercantour, on peut citer le blaireau qui hiverne.
Partir
Il s’agit ici des espèces dites migratrices, dont la plupart sont des oiseaux qui viennent profiter de la belle saison sous nos latitudes pour se reproduire et retournent ensuite passer l’hiver dans des zones où les températures sont moins rigoureuses. Les plupart des oiseaux strictement insectivores sont contraints à cette migration puisqu’en hiver leur nourriture n’est plus disponible chez nous. D’autres espèces ne vont tout simplement pas supporter des températures hivernales trop froides. Parmi les grands voyageurs, nous pouvons citer les pies-grièches, les hiboux petits ducs, le circaète ou encore les martinets et hirondelles. Lorsque l’on voit à nouveau ces oiseaux, les beaux jours sont de retour, c’est l’origine de l’expression « une hirondelle fait le printemps ».
D’autres espèces vont effectuer des migrations moins spectaculaires au sein de leur aire de répartition annuelle qui sont plutôt des mouvements altitudinaux : elles vont descendre en bas des vallées durant l’hiver pour remonter petit à petit en altitude quand les températures le permettent. Parmi les oiseaux, nous pouvons citer le rouge queue noir, les mésanges ou encore le tichodrome échelette. Certains mammifères n’échappent pas à la règle sélectionnant les zones les plus adaptées en fonction des saisons : les chamois et bouquetins ont très souvent des zones de reproduction différentes des zones d’hivernage, certains peuvent effectuer plus de 20 kilomètres entre ces deux sites. En hiver ils vont privilégier les versants orientés au sud et les zones où la neige fond rapidement. C’est au printemps qu’ils descendront le plus bas pour profiter de la repousse de la végétation, puis regagneront ensuite peu à peu les sommets en suivant le verdissement de l’herbe.
Rester
Enfin, certaines espèces vont rester toute l’année sur leur territoire, elles sont dites sédentaires. Ces animaux présentent des adaptions leur permettant de résister aux températures pouvant être très froides et de se déplacer sur un épais manteaux neigeux. La raréfaction de la nourriture est une difficulté supplémentaire pour ces animaux. Tout comme la nécessité de se faire le plus discret possible pour les espèces proies, car sur fond de neige, rien de plus visible qu’un point noir en mouvement !
Celles que l’on nomme les « espèces blanches » sont sûrement celles qui ont poussé l’adaptation le plus loin. En effet, le lièvre variable, le lagopède alpin et l’hermine vont devenir entièrement blancs à l’approche de l’hiver, un camouflage idéal pour ces grands discrets. C’est la durée du jour, la photopériode, qui va enclencher chez ces espèces la mue du pelage ou du plumage. Par ailleurs, ils disposent de pattes particulièrement bien adaptées aux déplacements sur la neige : de véritables raquettes pour le lièvre variable et des pattes munies de « mini crampons » chez le lagopède et le tétras-lyre, ces deux derniers possèdant des plumes doublées qui emprisonnent une couche d’air : c’est le principe de la doudoune ! De la même manière, le pelage des mammifères qui passent l’hiver en altitude est très dense avec souvent une épaisse fourrure. On peut prendre l’exemple du renard roux. Il peut vivre dans de très nombreux milieux du cœur des villes aux hautes altitudes, c’est une espèce dite ubiquiste, mais les renards vivant en montagne ont un pelage très dense durant l’hiver. La plupart de ces espèces ont la capacité de supporter de longues phases de jeûne, notamment grâce aux réserves de graisse accumulées durant l’été. Ainsi les bouquetins vont perdre jusqu’à 30 % de leur poids, d’autres ont besoin de continuer à s’alimenter régulièrement et ont développé des capacités d’assimilation d’aliments en apparence peu énergétiques. Les aiguilles de pin constituent ainsi l’alimentation principale du tétras-lyre en période hivernale, bon appétit ! Et enfin certains font des stocks de nourriture durant la belle saison comme le casse noix moucheté ou bien l’écureuil roux.
Ces espèces qui surmontent déjà de nombreuses difficultés liées aux conditions extrêmes de leur habitat en hiver ont besoin d’une tranquillité maximale durant cette saison.